Vous avez déjà tous entendu le mot “typographie”, à quoi l’associez-vous ?
Certains nous diront que c’est l’écriture web, d’autres les caractères d’impression…Et bien, c’est un peu tout ça à la fois.
On va vous expliquer en quelques mots ce qu’est réellement une typographie.
D’abord, un petit passage dans l’histoire…
À l’origine, elle a été inventée pour faciliter la tâche de la reproduction dans les procédés d’impression. Et oui, plutôt que de tout écrire manuellement, notre cher Johannes Gutenberg a eu la brillante idée (entre 1440 et 1454 selon les sources) de créer des caractères individuels en métal. Pas étonnant pour un fils d’orfèvre me direz-vous ?
Et bien grâce à son travail, Johannes a bousculé les codes et a permis à l’Europe de connaître une véritable révolution culturelle. Ce fut une véritable expansion pour l’impression de livres. Effectivement, grâce à ces petites lettres métalliques, on a pû expérimenter une nouvelle façon beaucoup plus simple et rapide de copier des lettres, des mots, des phrases et de grands discours.
Mr Gutenberg ayant passé toute sa vie à perfectionner son invention, il nous a laissé de bonnes bases. Mais la typographie n’a pas cessé d’évoluer et de bousculer les codes !
Grâce au travail de plusieurs personnes au fil du temps, on a même réussi à classer les caractères en familles.
Les Humanes :
Cette famille de typos est celle des premiers caractères romains. Ils ont été inventés à l’époque, par des imprimeurs vénitiens. Les humanes sont caractérisées par des lettres avec des petits empattements et peu de différence entre les pleins et déliés.
Les Garaldes :
Les Garaldes (nommées ainsi en l’hommage de deux imprimeurs reconnus : Alde Manuce et Claude Garamont) sont une famille de typographies similaire à celle des Humanes. La différence ? Les Garaldes sont plus fines et ont un fort contraste entre pleins et déliés.
Les Réales :
On parlait précédemment de fort contraste entre pleins et déliés, et bien les réales sont encore plus contrastées. Cette famille de typographie est d’ailleurs née pour se détacher de l’image des Garaldes et innover !
Les Didones :
La famille des Didones a été créée en mettant en commun deux typos : Bodoni et Didot. Ces polices ont une particularité, en plus des empattements marqués, c’est surtout la verticalité des caractères qui va la distinguer.
Les Mécanes :
Les Mécanes ont la particularité d’avoir des empattements rectangulaires, elles font beaucoup penser à l’univers industriel. Elles sont aussi connues sous le nom de typographies Égyptiennes.
Les Linéales :
Cette famille de typographie a fait son apparition après la première guerre mondiale.
Elle n’a aucun empattement.
Les Incises :
Les Incises sont caractérisées par de petits empattements triangulaires. Elles sont un mélange entre les Garaldes, et les Linéales.
Les Scriptes :
Les Scriptes sont une imitation de l’écriture manuscrite. Fortement inspirées par l’écriture manuelles, ce sont des typographies qui privilégient la liberté des courbes et le mouvement naturel de l’écriture à la main. Parfois, au détriment de la lisibilité, mais cela peut donner des typos d’inspiration pour certains types de graphismes : on ne pourrait pas s’en passer ! Il faut simplement les utiliser à bon escient.
Les Manuaires :
Cette famille est issue de l’écriture manuscrite mais il faut la différencier des Scriptes car elle ne comportent pas de ligatures.
Les Fractures :
Les Fractures, aussi appelées gothiques, rappellent l'architecture gothique (très verticale) et a beaucoup été utilisée entre le XVIème et le XXème siècle.
Aujourd’hui, elles sont beaucoup utilisées dans la musique ou pour rappeler le côté historique/ancien. Ce sont des typos assez ornementées qui vont surtout servir de titres et d’éléments singuliers sur des graphismes, mais pas pour l’écriture de textes au risque de rajouter trop de lourdeur à la lecture.
Nous avons maintenant fait le tour des principales familles.
Cette classification peut paraître anodine, mais elle peut s’avérer essentielle pour un graphiste dans le choix des typos pour des projets.
Maintenant que vous avez une idée du pourquoi et du comment la typographie a été créée, vous comprendrez son évolution actuelle.
Aujourd’hui la typographie est primoriale pour communiquer le bon message et bon nombre de typographes professionnels créent tous les jours des typos les plus innovantes et singulières les unes que les autres.
On peut en retrouver sur Adobe, plateforme payante, comme sur Canva qui est gratuit, ou même Dafont. Le choix est grand.
Si comme nous vous êtes fan de typo jusqu’au bout des ongles, voici un petit guide pour ne pas vous faire avoir :
1. Choississez toujours une typographie complète : Certaines typographies ne comportent pas tous les caractères dont vous aurez besoin et le moment venu, vous serez bloqué sur certaines lettres ou certains symboles. Vérifiez bien avant de choisir une typographie que celle-ci est bien complète et que vous ne risquez pas de vous faire avoir. Souvent, cela concerne les accents (é-à-è) mais aussi les symboles (?-!-;). On a tous déjà fait cette erreur à nos débuts ;)
2. Évitez les typographies trop lourdes pour vos textes, faites simple. Même si elle est très originale et vous plaît beaucoup, une typographie doit avant tout être choisie pour sa fonction avant son esthétisme. Gardez donc en tête que chaque typo va être appropriée ou non à votre cas de figure : on n’utilisera pas la même typographie pour un pavé de texte sur un magazine que sur un design de t-shirt.
3. Et enfin si on peut vous donner un dernier conseil…N’hésitez pas à payer une typographie car, oui certaines typos que vous trouverez sont payantes et cela est tout à fait normal pour rendre hommage au travail du typographe. C’est un vrai métier, qui n’est pas simple, et il vaut mieux payer pour avoir la typographie et pouvoir l’utiliser que de rechercher une typographie “ressemblante” qui sera donc un plagiat de mauvaise qualité. Respecter le travail des autres c’est aussi respecter l’usage que vous en ferez sur vos créations.
Nous terminerons par quelques exemples de typographes inspirants pour mettre en valeur ce métier qui n’est pas si connu que cela en dehors du domaine des arts appliquées.
Zuzana Licko
Jonathan Barnbrook
Carol Twombly
Veronika Burian
Juliet Ulanovsky
Erik Spiekermann
Laura Worthington
Marina Chaccur
Herb Lubalin
Matthew Carter
Évidemment, il y en a plein d’autres. Nous vous encourageons à vous documenter sur leur travail inspirant.
Nous espérons que cet article vous aura plu, au quel cas vous pouvez le partager ou bien nous le faire savoir.